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Un fantôme hante le Burkina : le Sénat du président Blaise, de sa famille et de son CDP!

     Tout observateur lucide sait qu'aujourd'hui un fantôme hante la quiétude et la paix sociale au Burkina et ce fantôme, c'est bel et bien ce Sénat que le Président à travers son CCRP et son Gouvernement, tient à imposer en dehors de tout consensus. Moi comme beaucoup de compatriotes je doute (pour ne pas dire plus) de la sincérité de ces multiples consultations infécondes depuis plus d'un an. Rappelons nous que notre Constitution actuelle avait fait l'objet d'un large consensus national, fédérant les volontés des autorités religieuses et coutumières, des organisations de la société civile toutes tendances confondues et des représentants du pouvoir de l'époque alors dirigé par le même Blaise Compaoré. Pour les constituants et même ceux qui ont voté massivement pour l'adoption de ladite Constitution, il ne venait à l'idée de personne, qu'un président élu allait remettre en cause la durée des mandats et surtout de ses propres mandats, tant le débat avait été longuement mené et conclu à l'unanimité. C'est le respect de ce contrat originaire qui explique beaucoup la stabilité de nos Institutions jusque là. À contrario, quand le même pouvoir à tenté de sacrifier ce consensus au profit d'une simple majorité pour lever le verrou de la limitation, cela a fait monter la température politique et sociale, obligeant ce même pouvoir à revenir au consensus initial. Cela s'est passé en 1998. Et ça devait nous instruire tous que les Institutions les plus durables et donc les plus utiles sont d'abord celles qui sont communément acceptées et ouvrent donc une sorte de communauté politique nationale. Or aujourd'hui, la longue durée au pouvoir semble frapper d'amnésie ses tenants, décidés à tourner le dos au consensus pour installer un sénat au risque d'un profond déchirement de notre peuple et même de graves conflits internes. Comme il n'est pas encore installé et au vu des dégâts qu'il peut causer, je peux, convenez avec moi, l'appeler le FANTÔME ! Que puis-je alors attendre des forces morales que notre Président consulte et qu'il ne consulte d'ailleurs que lorsqu'il y a le feu?

    Ce sont les autorités coutumières et religieuses qui, de par leurs influences réelles sur la pensée et le vécu de nombreux concitoyens que je qualifie de forces morales. En Afrique, pour de nombreuses raisons historiques et sociologiques que je ne peux pas étaler ici, ces autorités ont des influences sur les individus et les collectivités qui n'ont plus d'équivalentes en Occident, lequel constitue aujourd'hui notre référence en matière de gouvernance démocratique de la société. Il est donc normal et légitime de recourir à eux tout en respectant la laïcité de l'Etat : indépendance et souveraineté du pouvoir politique( pouvoir d'Etat) par rapport à toutes les confessions religieuses qui, en retour exercent librement leurs cultes dans le respect de l'ordre républicain. Les Instituions religieuses par rapport auxquelles se définit précisément cette laïcité, ont néanmoins le droit et même le devoir citoyens d'opiner sur la marche de la société, sur la façon de gouverner la Cité. Et ce, parce que d'abord, elles réunissent des fidèles-citoyens qui ont besoin de juger et de se conduire dans les affaires publiques selon aussi leurs convictions religieuses. Ensuite, il faut savoir que ces différentes religions ont différentes visions spécifiques de la bonne gouvernance de la société selon généralement les valeurs de la justice, de la vérité, de la paix, de l'amour, du respect absolu de la vie humaine qui relève de Dieu seul etc. Enfin, ces autorités honorent de façon citoyenne leurs compatriotes en répondant favorablement aux invitations du premier dirigeant de tout le pays. C'est dire que ces rencontres me semblent normales et ne remettent pas en cause par principe(pour le moment en tout cas) ni la la laïcité de l'Etat ni l'indépendance de pensée et d'organisation des confessions religieuses. Je précise bien : par principe, car il est vrai qu'une de nos tares africaines c'est de sacrifier souvent nos principes à des réalités ou desdits réalismes tout à fait aux antipodes des principes proclamés! À ce niveau, je ne juge pas mais je sais que mes concitoyens auront, les cas échéants, les preuves de leurs jugements.

   En ce qui me concerne je ne peux qu'émettre finalement que quelques vœux au regard de ce que je lis et entends. Je souhaite d'abord que ces Chefs d'institutions religieuses parlent et agissent selon les valeurs que nous lisons dans les livres saints et qu'ils nous ont eux-mêmes enseignées : penser et agir pour la promotion de la vérité qui ne se partage pas avec le mensonge; la justice pour tous; la paix, fruit de la justice... Et ce que vous nous avez aussi appris c'est que celui qui occupe comme vous la place de berger, doit d'abord servir les autres, avoir plus peur de Dieu que des hommes qu'elle que soit leurs puissances!

    A mes concitoyens, je souhaite que leurs critiques soient les plus objectives possibles. Qu'ils sachent que les dirigeants, même d'institutions religieuses sont des hommes qui peuvent se tromper ou avoir peur même si cela est coupable et condamnable. Il faut éviter de mal juger leurs religions en se basant sur certains  de leurs actes en rupture manifeste avec leurs doctrines car ce la peut créer des tensions inutiles que nous ne connaissons pas ici et dont nous n'avons pas besoin. Que chacun, à partir de son lieu et des enseignements de son Livre apprécie et agisse dans son institution. Cela est aussi un devoir.

     À nos autorités qui ont fortement médiatisé ces rencontres, je leurs demande de ne point secrètement vouloir jouer aux apprentis sorciers en essayant, non pas d'écouter simplement des avis d'autorités morales mais de vouloir mettre en concurrence sinon en conflit différentes religions dont les fidèles ont toujours vécu en paix et bonne intelligence chez nous. Pour se pérenniser au pouvoir, il ne faut pas prendre le risque diabolique de vouloir jouer éventuellement une religion contre une autre. Je pense qu'il y'a un temps pour tout: un temps pour gouverner et un temps pour partir.Le reconnaître et le pratiquer, c'est être sage. Autrement on se croît au dessus de cette simple normalité et on tombe dans l'orgueil. Or, comme dit ce mot de sagesse : " Quand l'orgueil chemine devant, les dégâts et la honte suivent de près". Bonne méditation

 

   Étienne Traoré université de Ouagadougou 15 Septembre 2013



15/09/2013
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