NABABIO

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Un pas de plus dans la monopolisation illégale et illégitime de la presse d'Etat par le régime Compaoré !

     Ce 17 Septembre, le Premier Ministre dont on sait qu'il ne participe plus à aucune déçision importante, a inauguré une autre émission de communication du Pouvoir : " Dialogue avec le gouvernement".  Il s'est agi en fait d'une opération de communication pour faire face à une situation nationale périlleuse caractérisée par : la montée du mécontentement, ou même de la colère populaire quant à la volonté obstinée d'instaurer un Sénat, au refus du Président Compaoré de dire officiellement qu'il respectera l'article 37 en l'état actuel, à la grande division orchestrée( sur fond de corruption multiforme) au sein du peuple(entre chrétiens, entre musulmans, entre Chefs coutumiers, voire entre régions), à l'accueil plus que mitigé et en tout cas bien en deçà des attentes du Gouvernement que les travailleurs ont réservé aux dernières mesures salariales. Il s'agit d'une opération de communication qui n'a donc pas pour objectif principal de donner des informations justes mais de convaincre du bien fondé de l'action gouvernementale. Effectivement l'information à pour objectif principal de relater des faits tel qu'ils se sont passés. Elle vise la vérité des faits. Par contre, la communication vise pour son porteur à se faire comprendre et accepter dans ses opinions et actions. Et là, la manipulations des informations et mêmes des contre vérités peuvent être proférées. Ce passage du Premier Ministre pour nous qui l'avons suivi, en a été une parfaite illustration. Comme à son habitude il fallait : dire que le gouvernement travaille à résoudre les problèmes que des gens grossiraient; exprimer la volonté de dialogue du gouvernement en oubliant de dire que lorsque ce dialogue devient une fin en soi au lieu d´être un moyen de pacifier les rapports à partir d'acquis concrets, qu'il devient alors une méthode dilatoire ou un piège; faire semblant de répondre aux vraies questions puisque CELUI   qui en a les réponses ne lui en a pas données, mais lui a plutôt demandé de calmer les gens par des propos élastiques;  proclamer l'attachement du Pouvoir à la paix sociale qui signifie pour lui se taire, rester tranquille pour regarder une minorité de burkinabè s'accaparer des quelques richesses du pays tout en engendrant autour d'elle la pauvreté, l'injustice, l'insécurité, les exclusions et inégalités galopantes... Mon objectif aujourd'hui n'est pas de démontrer le caractère démagogique de ce type d'exercice mais de dénoncer les abus que ce Régime fait de la presse d'Etat,afin de demander  au nom de l'équilibre de l'information exigée par notre système démocratique que la presse d'Etat réponde désormais de sa nature et de son rôle en cessant de ne porter que la voix des tenants du Régime en place.

      Ce régime à d'abord supprimé dans la presse d'Etat tous les débats contradictoires de la société civile et de la casse politique qui contribuaient cependant à une véritable éducation civique et politique de nos concitoyens : "tirs croisés" où des politiques échangeaient des opinions contradictoires; "ces lois de l'Assemblée" où des députés expliquaient les lois ainsi que leurs positions différentes et divergentes. Lors d'une autre émission ce sont les différents représentants des journaux(publics et privés) qui venaient défendre leurs différentes lignes éditoriales... Et toutes ces émissions étaient très fortement suivies à travers tout le pays. Eh bien aujourd'hui, dans la presse d'Etat et surtout à la télévision NATIONALE, on n'entend quasi exclusivement que les voix des ministres ou des responsables administratifs. Et quand il s'agit de rapporter les faits et gestes des partis politiques, tout observateur honnête vous dira que la trop belle part est faite aux partis de la majorité. Les dernières illustrations ont été les reportages inéquitables et falsifiés au détriment des manifestations gigantesques de l'opposition et au profit de celles du CDP. Déjà, à travers ses devenus ennuyeux "points de presse", ce Régime monopolise la parole sur les ondes de façon hebdomadaire. Il vient d'accroître ce monopole de façon mensuelle. 

   Au regard de nos textes démocratiques, la presse d'Etat n'est pas celle d'un Etat d'exception ou d'un Parti-Etat où le pluralisme est prohibé. Elle ne doit même pas être une presse où le pluralisme demeure un principe non appliqué dans les faits. Elle doit plutôt refléter au mieux et équitablement la diversité des opinions et activités des animateurs de la vie nationale. C'est en cela qu'elle est une presse d'Etat et est entretenue par tous les contribuables Burkinabè. La presse d'Etat doit devenir  plus républicaine et cela exige son ouverture équitable et objective à tous les principaux animateurs de la vie nationale ainsi qu'une véritable garantie de la liberté professionnelle dans le traitement de l'information pour les journalistes qui sont au service de l'Etat permanent et non d'un Régime nécessairement passager.

  Enfin si ce type de prestation ne veut pas perdre tout crédit, si ce type d'oral ne veut pas être perçu comme une simple propagande, si ce type de communication ne veut pas être confondu à un faux tranquillisant pour nos concitoyens qui souffrent réellement dans un Burkina vivant de plus en plus à deux vitesses, si ce type de dialogue dit direct ne veut pas être confondu à un entretien démagogique en moments difficiles, alors alors, il faut qu'il soit toujours suivi d'autres sons de cloche par les mêmes canaux provenant des contrepouvoirs civils( associations de la société civile qui connaissent quotidiennement les effets de la politique du gouvernement) et des contrepouvoirs politiques( les partis de l'opposition qui ont le droit et le devoir de critiques ponctuels et alternatifs.)

   Hors ce retour à des normes démocratiques élémentaires en matière de communications et d'information, messieurs du Régime en place, tout discours venant de vous risque d'être systématiquement considéré comme suspect sinon fallacieux. Je pense que pour une bonne gouvernance, et même une gouvernance dans la quiétude simplement, nos gouvernants à l'heure de l'Internet doivent fournir beaucoup d'efforts pour convaincre en vérité et non pour tenter de tromper ou de ruser. Et celui qui se découvre trompé devient généralement un adversaire sinon un ennemi résolu. Nous sommes des peuples d'oralité  d'origine, mais là, rappelons nous tous que la parole qui calme, la parole qui guérit est et a toujours été une parole de vérité . Pas moins.

 

Etienne Traore Université de Ouagadougou 19 Septembre 2013

 

 



19/09/2013
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