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Situation nationale : d'une Révolution inachevée à une "inclusion" polémique

Notre pays le Burkina Faso est bien perçu par les peuples africains assoiffés de liberté et de progrès social, après Thomas Sankara, pour avoir chassé du pouvoir une icône des pouvoirs africains apatrides : pseudo démocraties, pouvoirs autocratiques et patrimoniaux, enrichissements aussi rapides qu'illicites, anti-patriotismes notoires au service de l'extérieur pour conserver leurs fauteuils présidentiels, corruptions généralisées comme modes de gouvernance etc. En voulant rompre avec cette mauvaise gouvernance,  aujourd'hui principale cause de notre pauvreté, notre pays subit des tentatives de punition pour cela à travers l'autoritarisme d'une unité militaire(hier gardienne du régime Compaoré) ainsi que d'une interprétation abusive de la notion " d'inclusion" adoptée dans notre Charte ( Constitution additionnelle et reflet de l'insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014.), sous la pression de la Communauté Internationale ( UA, CEDEAO, ONU, UEMOA), qui elle - même est sous la pression du syndicat de fait des Chefs d'état africains qui ne veut pas de telles répétitions ailleurs ou chez eux.

  Voilà comment il a manoeuvré : sous la pression populaire, Blaise l'orgueilleux à dû fuir sous protection de la France dont il a toujours été le fidèle serviteur de l'assassinat du Président Sankara à ses médiations toujours favorables aux intérêts français. On s'est arrangé alors pour que sa succession soit assuré par un fidèle. C'est ainsi que le Régiment de Sécurité Présidentielle ( le RSP, corps d'élite de l'armée, tortionnaire au besoin pour pérenniser le régime Comparé)a imposé au reste de l'armée le lieutenant - colonel Zida (actuel premier ministre et adjoint à l'époque du général Diendéré, patron du RSP) comme Chef de l'Etat. Sous la pression de la " Communauté Internationale", Zida dut céder son poste au diplomate Michel Kafando, élu par une "Commission Nationale de désignation du Président du Faso".

  Mais le RSP, toujours lié à Blaise Comparé en exil à Yamoussokro, manoeuvra en sorte que Zida soit Premier Ministre et que les postes stratégiques soient attribués à d'autres militaires : intérieur et sécurité,  mines, défense. Mais comme on ne peut jamais gouverner durablement par procuration, Zida à vite intériorisé les aspirations populaires de ses amis de la Société civile et de l'ensemble des insurgés et à donc amorçé sa distance avec le RSP dont les insurgés victorieux demandent toujours la dissolution pure et simple. Une bonne partie des problèmes de Zida aujourd'hui viennent de cette insurbordination patriotique que ces compagnons d'armes veulent lui faire payer au point de dire qu ils pourraient mettre fin à la récréation ( la Transition) d'ici Juin 2015, ce qui explique en partie une agitation anti-insurrectionnelle de l'ex majorité aujourd'hui. Je pense personnellement qu'ils n'en ont pas les moyens et qu'ils bleuffent donc. Source absolument sûre. Soutenons alors Zida, Kafando et l'ensemble de la Transition.

   Actuellement, tous ceux qui craignent de tels éveils de conscience de nos peuples africains, comptent sur une restauration de l'ordre Blaisiste (même en l'absence de Blaise) à travers " l'inclusion" prônée dans notre Charte, demandant de ne point exclure systématiquement du jeu politique, les animateurs du régime Compaoré. Profitant de cela, nous assistons dans notre pays à son interprétation si large et si lâche, qu'elle devient une inclusion, non pas constructive, selon l'esprit et la lettre de notre Charte, mais plutôt destructive, arrogante et même menaçante. Justement, si notre révolution à été INACHEVÉE  c'est dû à deux faits majeurs : celui de nous réincruster dans l'ancienne Constitution (alors réhabiltée) et celui d'accepter cette " inclusion" sans lui donner un contenu préçis. Une révolution achevée se dote toujours d'institutions nouvelles et de personnel politique nouveau. Ça n'a été le cas, même si je reste convaincu qu'il y a eu révolution par renversement populaire d'un régime quasi monarchique comme en Tunisie ou en Egypte. Le reste est un débat académique interminable et sans intérêt pour moi.

  Je rappelle que toute la légitimité de la gouvernance actuelle résulte des aspirations populaires exprimées par les insurgés ayant mis fin au régime Compaoré : la justice pour toutes les victimes des crimes économiques et de sang du règne Compaoré; la bonne gouvernance contre toutes les magouilles et les liens patrimoniaux;  le patriotisme pour défendre nos intérêts nationaux; l'exemplarité patriotique de nos gouvernants etc. Or aujourd'hui, dans notre pays, des compatriotes continuent d'être encouragés depuis Abidjan pour exiger le retour au pays de Blaise Compaoré, considéré comme un héros, voire un martyr, lui qui a les mains rouges de sang de nos martyrs depuis Sankara jusqu'à nos 34 martyrs de l'insurrection des 30 et 31 Octobre 2014!!! De cette façon, ces compatriotes méconnaissent et défient ouvertement les valeurs portées par l'insurrection populaire: dire que Blaise est un martyr qui doit revenir, c'est cracher sur nos martyrs de l'insurrection. Je pense que les Autorités de la Transition devraient l'interdire au risque de voir ces compatriotes égarés, dénoncer bientôt cette insurrection historique dans notre pays et en Afrique. Il y a donc présentement une inclusion destructive, négationniste et en contradiction ouverte avec l'esprit et la lettre de notre Charte. Nos compatriotes qui en sont les responsables misent toujours sur un retour de Blaise: qu'ils sont naïfs et si désinformés!!!

  Par contre, " l'inclusion" positive consisterait à agir dans le sens des autocritiques que tous ces membres de l'ex majorité ont bruyamment fait : en acceptant de respecter les nouvelles règles du jeu, en reconnaissant leurs erreurs à corriger désormais, en  demandant pardon...au lieu de jouer au martyr, ce qui, du reste est totalement contradictoire avec leurs autocritiques tant médiatisées! L'esprit et la lettre de " l'inclusion " appelaient à ce type d'inclusion positive. Que ceux qui en bénéficient en prennent conscience au risque de se faire marginaliser au nom d'une dynamique politique nouvelle qu'ils ont totalement tord de croire éphémère. Je vous le dis avec assurance : il n'y aura pas de retour en arrière. Pour certains, c'est définitivement fini. Alors, je souhaite que beaucoup d'entre vous ne finissez pas avec une famille qui vous a plutôt utilisé que servi, convaincus que nous sommes compatriotes,  tous faillibles, mais ayant le courage de revenir sur nos erreurs. Que l'esprit saint vous et nous inspirent tous.

Étienne Traoré Universitaire Ouagadougou 3 Avril 2015.

 

 

 

 



03/04/2015
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