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De la réaction du Président Compaoré : un manque de courage et de lucidité politiques !

       Mes chers amis, 

 

Enfin le Président Compaoré s'est exprimé sur les derniers amendements de forme proposés par un CCRP dont personne ne croit, vue sa composition, à sa moindre autonomie par rapport au pouvoir en place. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard qu'il soit piloté par un officier supérieur( le colonel Yé Arsène pour l'histoire ) en mission ministérielle et connu pour son dévouement au Président Compaoré. Comme nous l´avions donc dit les résultats sont ceux admissibles par le Président et sa famille. Voilà pourquoi, dans son communiqué Blaise Compaoré à tenu à "saluer la qualité et la pertinence des réflexions" et féliciter tous ceux qui ont participé à ce nouveau conclave convoqué sous la pression d'un large front anti-Sénat. Sa réponse est donc une réaffirmation de la nécessité d'un Sénat pour notre pays après quelques retouches concernant seulement sa mise en application. Sa mission confiée au Gouvernement est que celui-ci( peut être remaniée pour la cause) travaille à faire comprendre cette nécessité aux différentes "composantes sociales et politiques" réticentes ou hostiles. En clair, ce qui reste à faire selon lui, c'est de se concerter encore, mais seulement autour des modalités de mise en place du Sénat. Pas sur l'instauration ou non d'un Sénat. Voici ce que moi j'en pense:

    Pour un Président qui se veut effectivement garant de l'unité de la Nation, il aurait fallu plutôt supprimer la cause principale des divisions jamais vues en son sein : l'instauration d'un Sénat aujourd'hui. Et cela est d'autant plus facile qu'il n'a pas été encore pratiquement mis en fonction. Nous sommes comme dans une situation où nous nous déchirons à cause d'un fantôme! Le Président Blaise peut toujours nous épargner d'une Institution qui, avant même sa fondation pose de trop nombreux problèmes aux divers niveaux de l'unité nationale, financiers, institutionnel, organisationnels etc. Notre Président aurait mieux jouer ses rôles de garant de l'unité nationale et de la paix sociale en renvoyant sans délai ce Sénat, se fondant légitimement et raisonnablement sur les principales raisons suivantes : la principale raison de la dissolution de la Deuxième Chambre du Parlement dans notre pays, il y'a quelques temps,c'était officiellement les limites des ressources pour notre pays pauvre. Aujourd'hui, les choses se sont empirées car la paupérisation continue au regard même des statistiques officielles. De larges composantes sociales ont manifesté très massivement et partout leur rejet d'une telle institution de plus. Elles ont posé des problèmes objectifs que la dernière monture du CCRP n'a pas résolu, se contentant de vagues promesses notamment en matière du coût de ladite Institution. La composition même du CCRP n'était pas véritablement représentative des composantes sociales et politiques de notre pays. Ses conclusions ne pouvaient donc être qu'illégitimes et leur légalisation devrait être reconnue aujourd'hui comme une grave erreur. La participation des forces non partisanes peut contribuer à élargir la démocratie, mais on n'a nul besoin de tout un Sénat pour ça. Il suffirait de leur réserver des places à l'Assemblée Nationale comme cela existe dans bien d'autres pays. Le fait de vouloir coûte que coûte instaurer un Sénat au même moment où des voix importantes(direction du CDP, frère cadet du Président Blaise...) s'élèvent pour demander une révision constitutionnelle pour permettre à Blaise de se représenter en 2015, ce fait-coïncidence ne milite pas en faveur de la bonne foi du Président lui-même. Surtout qu'il préfère se taire sur la question en ne pouvant empêcher personne de dire qu'il instrumentalise ainsi lui-même le CDP, ses parents, ses trop nombreux amis et éventuellement bientôt le Sénat, pour modifier en sa faveur l'article 37. Avec toutes les incertitudes subséquentes! Pour moi, revenir sur le fond de l'agenda du Sénat aujourd'hui me paraît être l´option la plus sage et surtout la plus courageuse politiquement car elle inclurait un acte politique dont seuls les plus grands sont capables : la reconnaissance et la corrections de ses erreurs.

      Poursuivre dans la logique habituelle de recréer un rapport de forces favorable, amènera le pouvoir à prolonger la crise dans des débats où tout a été déjà dit. Et cette fois avec peut être plus de colère pour ceux qui ont été ainsi déboutés et auxquels le Président vient de dire en fait que l'heure n'est plus de savoir s'il faut instaurer un Sénat mais tout simplement comment l'instaurer. Si le Gouvernement engage un dialogue aussi fermé, aucun résultat positif ne sera au rendez-vous

    Moi je pense enfin  que malheureusement le Président Compaoré  tente encore de gagner du temps pour briser et affaiblir le large front anti-Sénat afin de se réapproprier le rapport des forces et appliquer son vrai agenda tenu encore secret car certainement antidémocratique. Il appartient alors à toutes les forces démocratiques de redoubler de vigilance et de détermination pour continuer la lutte .

 

  Étienne Traoré Université de Ouagadougou 10 Septembre 2013.



10/09/2013
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